木曜日, 3月 15, 2007

Différence Culturelle #7



Le tate-mae (建て前) vs Honne (本音)

Cette notion de la vie sociale japonaise est difficile à cerner et toute aussi difficile à expliquer quand on ne l’a pas vécue. Elle néanmoins centrale à la culture japonaise.

Il faut savoir tout d’abord que les relations entrent nippons sont réglées par un système de masques. Chaque situation demande un masque différent. Chez nous, qui dit masques dit hypocrisies, dit sournoiseries et surtout manque de d’authenticité. On voit souvent des gorilles être insultés par ce phénomène social ou du moins ne pas comprendre. Il est surprenant de voir les Japonais se faire traiter d’hypocrite, de visages à deux faces ou encore d’enfants de sushi par mes pairs.
J’ai été chanceux, car par l’entremise d’Ibu, j’ai pu rencontrer un homme formidable qui enseigne le kendo à Montréal. Il m’avait expliqué que les Japonais ne porte pas des masques pour être sournois, par méchanceté ou racisme. Ils le font tout le temps et partout. Certes ses masques sont, des fois, très subtile, mais si on observe bien on peut les voir.
Le tate-mae dans tout cela?
Vous aurez compris que c’est un des nombreux masques qu’ils portent. C’est aussi le plus frappant pour nous gorille que nous sommes. Le mot veut littéralement dire, se tenir devant ou façade. Ce masque (expression que j’utilise mais je sais que vous comprenez ce que je veux dire) est directement lié avec le WA (和) que je vous avais présenté, il y a quelques semaines déjà.
En gros, vous parlez à quelqu’un et il va tout faire pour vous dire ce qu’il pense que vous voulez entendre : de la situation que vous lui présentez ou de la question que vous lui demandez. Et ce, peu importe ce qu’il en pense vraiment. Il trouve que votre coupe de cheveux est la chose la plus laide qu’il a vu depuis qu’il en a fait un Mohawk à sa perruche. Il sait pertinemment que ce que vous demandez est impossible à réaliser ou il trouve que c’est la pire idée jamais proposée depuis 1937 dans l’univers. Et bien, les chances sont qu’il vous le ne dira jamais. Vous allez entendre des : « Ah oui. » « C’est beau » « Oui bien sur, je te fais ça tout de suite. » . Vous repartez heureux et lui n’a pas brisé l’harmonie qui régnait entre vous et lui. Comme gorille, il faut se préparer à cette facette de la culture qui est présente à différent degré, dépendant du niveau de votre relation. Le tate-mae est surtout présent au début d’une relation quand la personne ne vous connaît pas bien. Par exemple, dans mon bureau, on me joue rarement cette carte car ils savent qu’il vaut mieux me dire les choses nettes. frettes, secs. Bon, on me fait quand même des réunions à deux ou trois personnes pour ne pas devoir le faire devant tout le monde. Dans les faits, on se retire du WA, pour ne pas le briser d’un coup que je me fâche. Ce qui est jamais arrivé soit dit en passant.

Deux semaines plus tard, rien n’a été fait ou pire, vous êtes avec la personne et elle dit quelque chose comme :
« C’est ben laitte cette coupe de cheveux-là » Vous aurez deviné que c’est la même que vous aviez plus tôt.

Vous êtes maintenant en présence du Honne (本音).
Les vraies émotions, les vraies pensées et les vrais désirs de la personne. Choses qui sont généralement gardées pour les amis proches et qu’on garde secret. On ne montre pas son Honne au patron de la compagnie ou au chauffeur d’autobus.

Il arrive un moment où le Japonais est assez confortable pour vous dire ce qu’il pense vraiment de ci et de ça. La vitesse à laquelle on vous montre ce masque (ou non-masque) varie grandement selon l’individu. Pour certains ça prend 5 minutes, d’autre comme un de mes collègues, j’ai pas encore réussit après trois ans. Alors oui, il m’offre du tate-mae tous les lundis. Et pourtant, Dieu sait que mon charme naturel peut faire fondre n’importe quelle âme gelée. J’en suis donc arrivé à la conclusion qu’il avait un cœur de pierre. Bon je digresse.

Il semble exister autant de masques qu’il y a de situations sociales (travail, party, en classe, en dehors de la classe, pratiquant un sport, en mangeant, en présence des parents, en présence des grands-parents, dans un lieu où on ne connaît personne, etc.). C’est comme ça que le gars dans le fond du bureau qui chuchote en parlant, qui cherche ses mots, qui se penchent à 180 degrés le matin en vous voyant devient une bête de party lors des partys de bureau. Vous le voyez saoul, sautant pour accrocher la lumière du plafond et l’agrippez tout en étant nu. Vous vous dites;
«Y vient de sortir de sa coquille. Maudit qu’on va avoir du fun lundi au bureau »
De retour le lundi…il chuchote, cherche ses mots et se penche encore à 180…le masque du bureau est de retour.

Une fois qu’on connaît quelqu’un, on voit très bien quel masque il utilise dans quelle situation. Les Japonais sont très réguliers et cohérents dans leur choix de masques, ce qui rend l’imitation et l’intégration plus facile.

N.D.L.R. Il y a 120 millions de Japonais. Il est clair que certains répondent exactement à ce modèle social et d’autres non. J’ai noté ici mes observations et celles de mes collègues gorilles. Nous en avons abondamment parlé lors de la conférence à Tokyo où j’ai donné une conférence sur la culture nipponne.

2 Comments:

Blogger Véronique said...

je trouve toujours intéressant de connaitre plus sur les autres cultures... chanceux va!

12:10 午前  
Blogger le neurone ectopique said...

Je ne sais pas si tu seras encore dans le secteur à cette date-là mais je t'invite à jeter un coup d'oeil sur :
www.myspace.com/montagmontag
Si jamais tu décidais de te risquer, tu pourras toujours saluer mon fils de ma part.

la paternité neuronale

9:59 午前  

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